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Adulé tout particulièrement par les jeunes qui se régalent avec ses chansons dans leur baladeurs, passant pour inconvenant aux yeux de certains gens, Oulahlou a créé un style unique sculpté autour de mélodies simples au parfum du terroir et de textes crus s’apparentant à un cri de révolte juvénile face à l’injustice de la bêtise humaine.  Dans cette interview, il nous parle de son nouvel album et de bien d’autres questions passionnantes.

Le thème de l’amour est plus fréquent dans votre nouvel album, est-ce révélateur de votre état d’esprit actuel ?
Ca ne peut pas révéler autre chose que ça ! (rire) Il y a en effet beaucoup de chansons d’amour et ça me plaît comme ça. Mais il y a aussi beaucoup d’autres titres qui traitent de thèmes divers.

Peut-on dire que c’est votre album le plus autobiographique ?
C’est difficile de me prononcer du tac au tac sur la question, mais je peux dire que la dernière expérience que j’ai vécue m’a fait parlé, quoi ! Je ne veux pas m’étaler là-dessus. 

 


Oulahlou Pouvoir assassin

Vous êtes délibérément provocateur, Oulahlou, ne craignez-vous pas de perdre un certain public ?
Provocateur, cela je l’assume complètement. Mais, ce n’est pas de la provocation gratuite ou méchante. C’est un besoin de se distinguer dans ce pays où l’unicité nous a toujours été imposée. Il y a par ailleurs un courant dans la société qui a envie de se distinguer mais on ne lui laisse aucune tribune pour l’exprimer. Dans le domaine de la chanson, à la télévision, à la radio ou dans la vie de tous les jours, il y a un ordre sclérosé.
La chanson c’est mon espace privé d’expression, je me permets de faire de petits écarts. Je chante pour tous ceux qui m’aiment et ceux qui se reconnaissent dans mes chansons. C’est le public qui me rassure.

 

Vous vous êtes produit un peu partout dans le monde, quelle est la ville et le public qui vous ont le plus marqué ?
Pour moi, le meilleur endroit du monde, c’est mon petit village de Kabylie. Je pense que mes chansons touchent beaucoup plus les jeunes qui vivent ici. J’avoue que mon meilleur public, ce sont les jeunes adolescents, voire les jeunes enfants. Ca me plait beaucoup dans la mesure où il n’y a pas de philosophie derrière ; ils aiment mes chansons parce que ça leur plait et c’est tout !

Dans chacun de vos albums justement, vous consacrez une chanson à votre enfance, n’est-ce pas une façon à vous de réveiller cet enfant qui est toujours en chacun de nous ?
Cet enfant est toujours là. Chasser le naturel, il revient au galop. Certes, on grandit sur le plan physique mais dans notre âme, on reste toujours ce qu’on est.

Avez-vous eu un rêve d’enfance que vous regrettez de ne pas réaliser ?
Non, je ne regrette absolument rien de ma vie. Pour l’instant, elle tourne merveilleusement bien. Je ne suis pas du genre à pleurnicher sur ma vie. Je la vis au jour le jour et c’est tout. En revanche, je suis un cérébral, j’ai beaucoup de projets que je ne peux pas tous réaliser, mais bon…

Oulahlou et la musique chaouie ?
C’est un style que j’aime beaucoup. J’ai composé quelques chansons dans ce genre musical. J’ai appris le chaoui grâce à des amis à la fac et puis j’ai visité la région. Ca m’arrive aussi d’écrire des chansons en chaoui. Dernièrement, j’ai également découvert la langue tamazight du Maroc, et franchement ça me booste grave ! L’identité amazighe est d’une dimension internationale. Se sentir nombreux, ça nous donne quand même du punch.   

Si vous étiez né à une autre époque, laquelle choisiriez-vous?
Le dix-neuvième siècle sans l’ombre d’un doute. Toute cette technologie n’existait pas, l’homme entretenait beaucoup de rapport avec la nature. Je me sens un Kabyle de ces années-là. 

Si vous étiez un artiste peintre, quel serait l’oiseau que vous désiriez peindre ?
Pour être franc, la peintre, ce n’est pas un truc qui me branche. Je suis séduit par la parade amoureuse des oiseaux et je les aime tous pendant cette période-là ! (rire)

Quels types de livres lisez-vous ?
Je suis branché histoire, philosophie et psychologie. Je suis très attiré par la culture grecque antique, son théâtre, ses fables, et j’en passe.

Des auteurs ?
Je suis frappé par l’esprit de Nietzsche, Freud, Einstein en tant philosophe, Jean-Jacques Rousseau, Montesquieu, et bien d’autres qui sont en fait des références mondiales.      

Vous êtes amputé d’un doigt à la main droite, est-ce que cela ne vous gène pas en jouant de la guitare ? Pourrait-on savoir comment cela est arrivé ?
Votre question me surprend tellement que je ne fais pas attention à ce détail ! (rire) Il n’y a que les autres qui le voient, moi je ne le vois pas. Cela s’est passé quand j’étais enfant, je m’en souviens très bien même si cela ne m’a pas forcément marqué. C’est une erreur médicale. Soigné par un infirmier qui n’avait pas assez de savoir médical et ça donne ce genre de résultats…

Un mot pour conclure ?
Un grand salut aux lecteurs et j’espère que je serai à la hauteur des attentes de mon public. Tout ce que recherche un artiste, c’est la reconnaissance du public. C’est mon échelle de valeur, ce n’est pas la réussite commerciale et ce n’est pas non plus les honneurs qui m’intéressent.
                                                 Entretien réalisé par Karim KHERBOUCHE 
                                                               Pour Les Nouvelles Confidences

Tag(s) : #Interviews
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