Dans le désert artistique ambiant profitant aux chanteurs aux rêves mercantilistes, il existe heureusement des oasis par-ci par-là pour étancher la soif un tant soit peu des passionnés de la belle chanson. L’album que vient de sortir Amour Abdenour en est une. Ce chanteur est, depuis 1969, l’un des artistes les plus admirés de Kabylie. Cela ne lui a jamais fait perdre la tête. Connu pour sa légendaire modestie, cet ancien géomètre reste égal à lui-même et à chacune de ses sorties publiques il met de la joie dans les cœurs de ses fans. Le temps change mais, son œuvre est encore et toujours imputrescible.
Son nouvel album contient huit titres : Ahak ssura-w (Triste fin d’un amour), Netsa d ambuxen matchi d lmesbah (C’est l’hôpital qui se moque de la charité), El hal youâar (O temps, o mœurs !), Ssuq (Sagesses), Lekhrif (L’automne), Ma techfidh ig’âadan (Te souviens-tu des beaux jours de notre amour?), Zzin-im (Belle au cœur de fiel), Ay imesdurar (ô peuple de montagnards !).
Amour est avant tout un chanteur sentimental. Et ceci, nous pensons qu’il n’a pas l’intention –ou il ne peut pas- le changer. Ses toutes dernières chansons en sont une preuve irréfutable. Et c’est pour ça, d’ailleurs, qu’on est nombreux et de toutes les générations à l’aimer. Cependant, il y a quelques années, en introduisant une nouvelle instrumentation dans certaines de ses chansons, dans un souci de modernisation, on a l’impression qu’il était devenu méconnaissable et on a vite tiré la sonnette d’alarme.
Il est clair que Abdenour a tenu compte de ce changement. Pour cause, l’instrumentation revue et corrigée de ce dernier album est une réussite à ajouter à l’actif de notre artiste. La mise à jour instrumentale n’y a altéré en rien à la touche amourienne, bien au contraire elle a enrichie à tous égards. En un mot, c’est beau, c’est authentique. C’est à écouter absolument !
Karim Kherbouche