Se contenter de le présenter comme le fils d’une star de la chanson kabyle serait, à coup sûr, réducteur. Non, Belaid Branis, de son vrai nom Sid Belaïd, n’est pas que cela. Il peut, à la rigueur, être vu comme étant la relève des Abranis, mythique groupe de rock’n’roll fondé entre autres par son père, Karim Branis. Mais ce jeune artiste de trente-quatre ans, brillant guitariste depuis son jeune âge, a su voler de ses propres ailes au fil du temps. C’est le moins que l’on puisse dire en écoutant son album « Talwit » disponible depuis quelques jours sur le marché. Un album 100 % acoustique qui tombe à point nommé dès lors que le public mélomane « quémande » désespérément des produits musicaux de qualité.
Dans cette interview, Belaid nous parle de son album, de ses débuts dans la chanson, de la coupe du monde, de sa famille et de beaucoup d’autres choses intéressantes.
Bonjour Belaid. Ton album « Talwit » (Paix) est depuis quelques jours sur le marché, pourrais-tu en faire une petite présentation pour ceux qui ne l’ont pas encore écouté ?
Bonjour. L’album est sorti depuis une vingtaine de jours, chez Star Plus Edition, il comporte 10 titres qui traitent de différents thèmes et surfent sur plusieurs planches de musique rock. De l’amour en ballades, à la bonne ambiance chantée en chœurs avec des amis sur des airs de country en passant par de belles nostalgiques mélodies qui parlent de notre culture orale, de nos contes et de nos espoirs. Et tout, ce modeste travail, on l’a mis dans un bouillon de fusions de sons chauds, de voix et quelques autres délires, haha !
Mais, tu as mis beaucoup de temps pour nous sortir enfin cet album, pourquoi ?
Dans le souci de bien faire, bien sur. J’estime que toutes ces années de scène underground de maquettes et de rencontres enrichissantes avec d’autres artistes chanteurs, orchestres, compositeurs et poètes m’ont appris énormément de choses. La patience, le travail en groupe et la perfection.
Il faudra signaler aussi que nous étions à la recherche d’un bon son car le défi résidait dans le vœu de réaliser un album entièrement acoustique, chose qui n’est pas facile et qui demande des moyens humains et matériels énormes. Je suis exigeant et perfectionniste et cet album est comme « l’Inachevé » de Schubert. On veut y ajouter, refaire et peaufiner beaucoup de choses mais à un moment donné on s’est dit : stop !! il faut passer à autre chose, déjà que je n’ai rien dans les bacs.
Raconte-nous tes débuts dans la chanson ?
Très jeune, on m’a raconté chez moi qu’un cousin m’a offert une guitare ! Mais les premières notes, je les ai jouées sur un mandole : Matoub, Ait Menguellet, Slimane Azem que j’ai appris avec des amis au village. On sortait chaque soir, en été. On chantait en chœur. On a plein d’artistes dans ma région et la musique est contagieuse. Par la suite, j’ai découvert au lycée de Fort National le solfège et le chant en polyphone en suivant les cours de Nacer Temmam et Salem Kerrouche avec qui j’ai beaucoup joué dans plusieurs orchestres. Le déclic est venu durant l’année du boycott scolaire (94-95), je suivais des cours d’informatique à Michelet et des cours de guitare à la Maison de Jeunes d’Iferhounène sous l’égide de Farid Djebali (chanteur du groupe Timlilit). C’est là que j’ai rejoint mon premier groupe (Assirem) et joué de la musique moderne sur scène. Notre plylist était essentiellement Abranis, Idir, Takfarinas et quelques essais de standards anglo-saxons. C’était le début d’une longue et passionnante aventure. Des villages, des villes, des universités et beaucoup de rencontres, c’est super !
Le fait d’être fils d’une vedette, qu’est-ce que ça te fait ?
Dieu merci, les gens aiment et respectent mon père, pour tout son parcours artistique et ses qualités humaines pour ceux qui le connaissent de plus près, cela n’a jamais été un handicap bien au contraire, c’est toujours avec un grand sourire que tout le monde m’accueille. Pour ma propre carrière, ceci m’ajoute un autre défi qui est celui de composer et de rester dans la lignée Abranis car pour le grand public je présente la relève même si ma démarche en musique est un peu différente de celle du groupe.
Comment les répèt’ se déroulent-elles avec ton père Karim et ton frère Youva ? Ont-ils contribué à la réalisation de ton album ?
Oui pour la contribution, Karim m’a toujours encouragé conseillé et il suit de près tout ce que je fais. Youva a apporté beaucoup de choses, un gros son de guitare une technique personnelle de jeux et des riffs trop beaux. C’est la moitié de l’âme que dégage et l’album et nos spectacles, car toute notre musique repose sur la guitare. Youva est en constante évolution et d’un professionnalisme irréprochable. Il s’occupe aussi de l’orchestration, le choix des musiciens et l’organisation des répétitions. D’ailleurs on s’y amuse beaucoup. Ca chante, ça danse et ça rigole beaucoup. C’est une symbiose.
Comment Bélaid suit les matchs de la coupe du monde?
Avec la même angoisse que tous les algériens. Avant je n’étais pas tres foot mais depuis les matchs contre l’Egypte et la qualification des verts au mondial je me suis jeté dans le bain et à fond. Mais dommage qu’on revient du premier tour. Ouf !! On y avait vraiment cru et la rage n’est pas encore évacuée.
Quel est ton instrument de musique préféré ?
J’ai étudié et je joue essentiellement de la guitare. Je joue aussi de l’harmonica. Mais j’ai un vrai faible pour le piano et j’aime bien écrire pour les instruments à cordes ainsi que les cuivres. J’aime tous les instruments de musique, des guitares folks au Didjeridoo que je joue aborigènes d’Australie.
Un mot pour conclure ?
Merci et longue vie pour la LNC, j’aime bien la rubrique des Poètes en Herbe et tous les fait-divers et les infos people que j’y trouve.
J’espère que les lecteurs auront l’occasion d’écouter ce qu’on aime faire, la musique rock algérienne. Vive la musique, merci et à très bientôt.
Entretien réalisé par Karim KHERBOUCHE
Vidéos clips de Bélaid Branis: