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Heureux ceux qui, dans leur métier, ont mis du cœur à l’ouvrage sans se soucier outre mesure des richesses que cela pourrait leur procurer. Leur héritage demeurera éternel et leur nom à jamais gravé dans la mémoire de ceux qui les ont connus.

Le regretté Youcef  Abedjaoui fait bien partie de ces gens-là. En dépit de la guerre, la misère, l’exil et de toutes les contraintes qui ont marqué sa vie et qui auraient pu le dévier de sa trajectoire, il s’est donné corps et âme pour l’art et ce sont les chanteurs de son rang qui ont donné à la chanson kabyle la place qui est la sienne aujourd’hui. C’est pourquoi, 13 ans après sa disparition, en novembre 1996, des suites d’une longue maladie, il est plus que jamais vivant dans les cœurs des milliers de fans de toutes les générations.

Youcef Abedjaoui, de son vrai nom Aliouche Youcef, est venu au monde le 16 décembre 1932 dans le village d’Ait Alouane (commune d’Akfadou, à Béjaia). Très jeune déjà, il jouait brillamment de la guitare, du mandole et du luth. C’est l’autre grand artiste de la région, en l’occurrence Sadek El-Bedjaoui, une des grosses pointures de la chanson andalouse, qui l’avait repéré et lui avait donné l’occasion de se produire sur les ondes de la Radio Soummam qui émettait déjà en 1947. Le succès ne se fit pas attendre : le jeune chanteur séduit les auditeurs qui réclamaient ses chansons. « Je ne voulais pas que mes parents sachent que je chantais. Sadek Béjaoui décida alors de m’appeler Youcef Abedjaoui », révélait-il dans sa dernière interview accordée à Kamel Zirem et publiée dans les défunts Le Pays et ABC Amazigh. En 1958, son premier disque sort sur le marché et comme il fallait s’y attendre, il fera un tabac. Suite à quoi, il intégra le célèbre orchestre d’Amraoui Moussa en qualité de chanteur compositeur et de musicien. En 1954, il participa à la guerre de libération avec sa guitare et sa voix et n’hésita pas à rejoindre la troupe de Farid Ali, le père du fameux hymne à la révolution algérienne, « A Yemma âzizen ur tsru » (Ne pleure pas maman). Cette troupe se produit dans plusieurs pays du monde pour transmettre le message du peuple algérien en guerre pour sa libération du joug du colonialisme. En 1959, Youcef Abedjaoui prit la direction de Tunis où il fera partie de l’orchestre national et ce, jusqu’en 1962. Après l’indépendance, il exerça la fonction de responsable d’un orchestre à la Radio chaîne II. Il repartit en France en 1969 où il s’installera jusqu’à ce qu’il nous quitte, emporté par la maladie.

Da Youcef, comme l’appellent ses admirateurs en signe de respect, a laissé un héritage de 46 chansons. Il a chanté l’amour, la nostalgie du pays, la bohème, la séparation, la misère sociale, l’exil, etc. « Yegguma wul a’kem-yettu » (Amour inoubliable), « Ay abrid yettawin» (La route menant vers mon village natal », «Tamurt n Leqbayel » ( La Kabylie ), et bien d’autres titres écrits par Da Youcef sont d’incontournables chef-d’œuvres sublimés par plusieurs générations de mélomanes. La mission de Youcef Abedjaoui sur terre était celle d’un messager d’amour, il l’a accomplie brillamment et avec fidélité et dévouement. Il n’a d’égal que lui-même. « J’aime toutes les musiques. La musique est avant tout universelle. J’ai mon propre style. Je ne l’ai pas choisi, il est venu tout seul. Mes chansons sont issues du chaâbi », ajoutait-il dans l’interview susmentionnée.

Karim Kherbouche

Tag(s) : #Actualité
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