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Joe-Batoury.JPGA l’occasion du 3e festival de la musique et de la chanson targuies, qui se tient à Illizi jusqu’au 3 novembre, Joe Batoury, qui prépare un nouvel album, Gnaoua Sound System, fait le point sur les amalgames entre gnawa et targui.

Beaucoup, aujourd’hui, font l’amalgame entre musique gnawa et musique targuie, pourquoi selon vous ?

Je pense que ce n’est pas évident pour le public, car souvent la représentation de la musique s’arrête sur scène. Les artistes purement diwan ne se montrent pas assez. Je pense qu’il faudrait mettre beaucoup plus l’histoire en scène, organiser des séminaires. Le gnawa ce n’est pas que la musique, c’est toute une histoire qui diffère de celle du tergui. D’ailleurs, même musicalement parlant, en termes de production, beaucoup d’artistes s’arrêtent aux tournées et aux concerts, et on ne les retrouve pas dans les bacs.

 - Il y a tout de même les festivals de gnawi et de tergui..

Oui, mais je pense qu’il faudrait que les festivals soient davantage exploités. Au Maroc par exemple, les festivals de musique gnawi se déroulent tout au long de l’année, et il y en a plein. Les gens ont découvert le gnawi à travers le Maroc. Heureusement que des artistes algériens ont su en faire la promotion. Le plus important, c’est de mettre en relief l’identité algérienne à travers le gnawi. Le festival doit être un échange culturel qui sert à la découverte d’un lieu mais aussi d’une culture, d’une musique, et pour les artistes, c’est une chance de faire des échanges, de promouvoir leur musique.

Batoury en dialecte africain veut dire doyen, homme sage… Vous considérez-vous comme tel ?

Je le suis dans ma propre musique, à travers les messages que je veux donner aux jeunes, en réalité. Ce nom, c’est un maître de diwan qui me l’a donné. J’écoutais avec tellement d’attention ce qu’il m’apprenait et les qassaide (poèmes) qu’il me récitait qu’il m’a appelé Batoury. Et c’est devenu un nom de scène. En plus ça rime bien avec Joe.

Vous étiez rappeur. Comment vous êtes-vous retrouvé dans le monde gnawi ?

C’est un retour aux sources, je pense que j’ai attendu d’acquérir la maturité qu’il fallait pour m’y lancer, et maîtriser... Aujourd’hui, je fais de la fusion, entre plusieurs genres musicaux, du moins les genres qui se mélangent bien au gnawi, comme le kabyle, qui a une rythmique ressemblante, mais aussi le blues, le reggae et bien d’autres, en restant bien sur des sonorités traditionnelles africaines.

Aujourd’hui, vous ne quittez plus votre guembri…

Oui, je l’ai souvent sur scène. Pour moi, ce n’est pas seulement un instrument musical mais aussi mon identité, on l’utilise beaucoup et on essaie de développer le son algéro-africain.

En parlant de blues, on dit que le blues et le gnawi ont des origines similaires...

Le blues et le gnawi ont les mêmes origines. Parmi les esclaves de l’Afrique noire déportés, certains sont partis en Amérique tandis que d’autres sont restés dans le nord de l’Afrique, ce qui explique certaines similitudes, dans les textes de souffrances. Mais la musique gnawi est aussi un remerciement des gnawa à l’islam, pour les avoir sauvés de l’esclavagisme. On le retrouve aussi beaucoup dans les textes.

Dites-nous quelques mots de vos projets…

Je sors bientôt un 5e album avec des sonorités reggae et gnawi. Les textes traiteront bien sûr de l’actualité et des problèmes de la jeunesse. Je le prépare en collaboration avec des artistes français.

Bio express :

 

Joe Batoury est un descendant d’esclaves déportés de l’ancien Soudan (Mali) au Maghreb. Il commence sa carrière musicale comme rappeur en 1995, mais finit par revenir aux sources et décide, en 2005, de dévoiler son patrimoine gnawa à travers lequel il revendique ses racines africaines. Il crée le projet Sakia. Son slogan : «Africain par la sève, Maghrébin par la greffe».

 

Nina Sellés

Source  El Watan

Tag(s) : #Interviews
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