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lounes-matoub marcheJeudi 25 juin 1998. Il y a 13 ans déjà ! Vers les coups de 14 h 30. Je venais d’achever mon épreuve d’anglais du deuxième semestre, à l’université de Béjaia. Je pénétrai à peine dans la cité universitaire de Targa Ouzemour quand un ami qui se prénommait Mourad, un militant de l’extrême gauche, m’appela et m’annonça d’une voix terriblement triste qu’on venait d’assassiner Lounes Matoub, notre idole depuis notre tendre enfance.

J’étais à la fois consterné et révolté mais je ne parvenais pas à admettre que Lounes était mortel. Non ! On a tenté de l’assassiner plusieurs fois mais il se relevait à chaque fois et continuait son combat pour la démocratie qui est aussi le nôtre. Déjà, le 10 octobre 1988, des gendarmes racistes l’ont de plusieurs balles, tirées à bout portant, ils ne l’ont pas tué pour autant.

Mais cette fois-ci Matoub était bel et bien assassiné. La tragique nouvelle se répandit telle une traînée de poudre à travers le monde. Le président français Jacques Chirac interrompit son discours pour dénoncer le lâche assassinat et rendre hommage au chantre des causes justes.

MatoubLes étudiants de l’université de Béjaia improvisèrent une marche à travers les artères de la ville des Hammadites. La foule scandait entre autres : « Pouvoir assassin ! ». Quatre ans auparavant, en 2004, les étudiants de la même fac ont marché dans la nuit pour exprimer leur joie à l’annonce de la libération de Matoub par les terroristes après plus de 15 jours de séquestration. « Matoub doit être libéré sain et sauf où toute la Kabylie déclarera la guerre totale aux islamistes et à leur relais au pouvoir », pouvait-on lire dans le communiqué du Mouvement Culturel Berbère adressé à ses ravisseurs. Les hordes terroristes avaient peur de la mobilisation kabyle et ont fini par libérer Matoub, le plus populaire chanteur kabyle ! Juste après sa libération, interviewé par Patrick Poivre D’Arvor, Lounes Matoub déclarait sur TF1 au journal de 20h : « Je ne suis pas arabe et je ne suis pas obligé d’être musulman ! ».        

Il est à souligner que c’est au stade Benalouache de Béjaia, le 19 avril 1995 (durant l’année du boycott scolaire), que Matoub avait animé son dernier spectacle en Algérie avant de partir en France suite aux menaces des terroristes islamistes dont il a fait l’objet. Il fut invité par l’association estudiantine dénommée Tigzi.     

Nous n’étions au courant de son retour en Algérie en ce mois de juin 1998 jusqu’au moment où on apprit son assassinat. Nous attendions la sortie de son dernier album « Lettre ouverte aux… » où il a repris la musique de l’hymne nationale algérien avec des paroles où il vilipendait les islamistes et le pouvoir. De retour de la ville de Tizi Ouzou où il a déjeuné dans un restaurant en compagnie de son épouse Nadia et de sa sœur Farida, les terroristes lui tendirent une embuscade à Tala Bouânane, sur la route menant vers Béni Douala. Lounes ouvrit la portière de sa voiture, tire sur ses assaillant avec sa kalachnikov mais ils réussirent à l’abattre en le criblant de balles. Nadia et Farida furent aussi blessées. Les criminels s’enfuirent en criant « Allah Akbar » (Allah est grand), selon l’épouse de Matoub. 

http://algeriasong.over-blog.com

Tag(s) : #Matoub
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