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Le groupe Djurdiura se produit, enfin, en Algérie. C’était vendredi dernier à Timgad, à l’occasion du Festival international qui s’y déroule depuis quelques jours. Après, il se produira à Constantine, à Sidi Fredj et, enfin, à Tizi Ouzou, région natale du chef de groupe, Djura, diminutif de Djohra.
Djohra Abouda, originaire de la commune d’Ifigha, dans la daïra d’Azazga, où elle est née en 1949, est partie en France avec toute la famille en 1954, à la veille du déclenchement de la guerre de Libération nationale. C’est en 1979 qu’elle constitua à Paris, avec ses deux sœurs Malha et Fatima, le groupe qui portera le nom de la chaîne de montagne de Kabylie. Depuis cette date, le groupe allait de succès en succès, compilant album sur album, et se produisant sur tous les continents, sauf en Algérie. Même les médias algériens ont mis beaucoup de temps pour s’intéresser à ce qui, ailleurs, constituait un phénomène musical et artistique, en plus du message de revendication des libertés sous toutes leurs formes. A commencer par la liberté féminine et l’identité amazighe.
Les engagements du groupe musical lui ont valu l’ostracisme des appareils officiels de la culture dans notre pays et des pressions insoutenables sur le chef de groupe, Djura, venant de sa propre famille, avec laquelle elle finira par rompre.
Les textes de haute facture de ce groupe sont de différentes sources mais ils puisent essentiellement dans la poésie ancienne kabyle mise aux tons d’une musique épurée et entraînante. D’autres compositions sont l’œuvre d’autres artistes, à l’image de la poétesse Hadjira Oulbachir et de Mohya, poète et dramaturge disparu en 2004.
En plus d’être chanteuse et chef de groupe, Djura est aussi écrivaine. Elle a publié deux ouvrages : «Le voile du silence» et «La saison des narcisses». Dans le premier livre cité, elle écrit, en première page : «En acceptant de me raconter, j’ai voulu lever ce voile du silence pour que cesse un jour cette mascarade qui se réclame des coutumes ancestrales, mais qui n’a plus -au sens humaine du terme- aucune légitimité».