Extrait de la vidéo: le sujet (de l'alphabet de tamazight) n’est plus d’actualité car la communauté universitaire et les auteurs ont tranché la question depuis belles lurettes. Ceux qui cherchent vainement aujourd’hui à relancer ce débat aussi anachronique que leur idéologie rétrograde se ridiculisent avec leur méconnaissance criante de cette langue et leur haine envers tout ce qui leur est différent. Ils découvrent, à leur corps défendant, tel un couperet qui leur est tombé sur la gorge, que tamazight est une langue moderne et vivante, devenue désormais l’instrument d’identification pour les Algériens épris de liberté et de justice.

Je signale à ces gens-là que les auteurs et les chercheurs en langue amazighe n’ont pas attendu l’officialisation de cette langue ni son introduction dans le système éducatif et dans les médias algériens pour se lancer dans la recherche et l’écriture. De Said Boulifa à Salem Chaker en passant par Mouloud Mammeri, tamazight a fait d’énormes d’énormes progrès que vous ignorez ou que vous feignez d’ignorer.

Dans les écoles, collèges, lycées et universités algériens, tamazight est enseignée en alphabet universel gréco-latin. Des centaines de milliers d’ouvrages édités sont transcrits en caractères latins. Le latin est utilisé depuis des lustres pour transcrire le tamazight. Le premier livre d’expression amazighe transcrit en latin est rédigé en 1735 par le docteur Shaw.

Tout ce beau et dynamique monde qui œuvre pour la promotion de la langue amazighe, auquel s’est jointe l’écrasante majorité des militants de la cause amazighe, ont adopté le latin comme support scriptural de notre langue ancestrale.         

Les recherches dans le domaine amazigh menées par  d’éminents chercheurs d’universités algériennes et de l’Inalco de Paris qui ont à leur actif d’innombrables avancées dans le domaine de la standardisation et de l’unification de la langue, en puisant dans l’ensemble des variantes berbérophones, ont utilisé l’alphabet latin. Je vous renvoie pour cela aux comptes rendus des travaux des Colloques et séminaires organisés tant en Algérie qu’à l’étrange. Tamazight dispose de règles d’orthographe qui tiennent compte uniquement des sons responsables de sens. Elles sont valables pour toutes les variantes amazighophones de l’Afrique du nord parce qu’elles rétablissent la forme d’origine ayant subi une déformation phonétique dialectale. Par conséquent, mettez-vous bien dans votre esprit tordu que quelle que soit la variante amazighophone enseignée (kabyle, chaoui, chenoui, mozabite… et même les variantes amazighes des autres pays de Tamazgha), on aboutira inéluctablement à une seule et même langue amazighe car on ne peut se satisfaire d’une variante dialectale. Cela ira dans l’ordre naturel des choses.     

Dans le domaine des TIC (les technologies de l’Information et de la communication), tamazight a franchi un grand pas grâce à l’alphabet universel latin et à la volonté militante d’ingénieurs informaticiens amazighs qui, sans aucun financement étatique, ont réussi à faire de tamazight une langue qui rivalise aujourd’hui, dans ce champs-là, avec l’anglais, le français et d’autres langues universelles. Il n’y a que ceux qui ne voient rien ou qui ne veulent pas voir qui ignorent cette réalité d’une langue qui avance et dont seront un jour fiers l’ensemble des Africains du nord.

      

Il faut dire que depuis que tamazight est devenue langue nationale et officielle dans la constitution algérienne, qu’on peut qualifier d’acquis en dépit de nombreuses insatisfactions, les ennemis de tamazight d’hier se déclarent aujourd’hui amazighs pour se s’adjuger le droit de torpiller le combat amazigh et rendre caducs ses acquis pour lesquels ont payé un lourd tribut plusieurs générations de vaillants militants. Ces imposteurs sans scrupules s’érigent maintenant en linguistes et cherchent vainement à nous imposer d’écrire notre langue en caractères arabes, pour phagocyter nos spécificités linguistique et identitaire afin d’en faire de simples variantes de l’arabité ! 

Outre le fait que les houroufs arabes ne sont pas adaptés à la langue amazighe, il faudra que les choses soient claires : Vous vous sentez arabes ? Même si vous l’êtes virtuellement, grand bien vous fasse mais, de grâce !, arrêtez votre discours malsain et démagogique qui consiste à dire que tamazight appartient à tous les Algériens et que l’on doit l’adapter aux goûts idéologiques de chacun ! Elevez un peu votre intelligence collective par l’acceptation de l’autre et en sortant de votre ethnocentrisme raciste, déplacé et morbide mettant en danger l’unité du pays et exhortant à la guerre civile. 

Vous n’êtes pas amazighs et tamazight n’est pas votre langue ! Nous ne sommes pas arabes et l’arabe n’est pas notre langue non plus ! Nous sommes différents et nous devons apprendre à nous respecter et à vivre ensemble en respectant les choix de chacun. Pour notre part, nous vous avons donné l’exemple : nous n’avons aucun complexe vis-à-vis de l’arabe que nos enfants apprennent à l’école et nous ne vous imposons pas pour autant de le transcrire en tifinagh ou en latin. Nous respectons le choix des Arabes d’écrire leur langue comme bon leur semble.  Au fait, vous n’avez pas compris le problème : nous ne cherchons pas à amazighiser celui qui se sent arabe et qui est content de l’être. Nous lui demandons juste d’éviter de défendre son arabité au détriment de notre amazighité. Hélas, l’extrémisme arabo-islamiste raciste et intolérant n’accepte aucune différence. C’est cette idéologie criminelle qui doit être punie par les lois de la future république algérienne démocratique et populaire.     

Tamazight est donc notre langue et il nous revient à nous et à nos spécialistes de décider de son écriture et de son avenir. Tout ce qui se décidera sur notre langue et notre identité doit se faire avec notre total consentement. Dans le cas contraire, le combat continuera et jusqu’au bout !  Que ceux qui croient pouvoir nous intimider ou nous faire peur sachent qu’ils se mettent le doigt dans l’œil. L’Histoire est là pour témoigner qu’aucun envahisseur n’a réussi à nous faire plier. Nous sommes un peuple libre et là où nous sommes la dictature n’a pas droit de cité. Nous sommes très très très fiers d’être Amazighs et descendants du grand roi Massinissa !  

Mettez-vous à notre place (même si vous n’avez pas cette capacité de vous mettre à la place des autres). Imaginez un peu un instant que les Amazighs imposent aux Arabes de transcrire leur langue en tifinagh, quelle sera leur réaction ?

Idem pour nous ; notre réaction ne sera que celle du mécontentement et de la haine quand vous vous attaquez à tamazight ou quand vous voulez nous imposer de l’écrire en alphabet arabe. L’empathie est la condition sine qua none du vivre-ensemble. Mais, la notion du vivre-ensemble, dans votre idéologie signifie effacement de l’autre. 

Nous prônons l’ouverture sur l’universalité et le choix des caractères latins n’est dicté que par l’intérêt que nous portons pour notre langue et nous veillons à ce que les choix idéologiques ne soient pas un obstacle pour son développement. Nous la voulons une langue qui véhicule les valeurs de liberté, de tolérance, de progrès, de solidarité entre les peuples du monde.

Quant aux tifinagh, il en existe quelques adeptes. Certains sincères, d’autres non. Bon nombre de ceux qui menacent d’écrire tamazight en lettres arabes ne sont pas contre sa transcription en tifinagh. Ils sont conscients qu’avec les tifinagh tamazight n’irait pas loin, d’autant plus que ceux qui sont au pouvoir ne sont pas ses alliés, bien au contraire des ennemis qui chercheront à tuer en faisant de sorte de gagner du temps et ils sont connus par leur malhonnêteté et leur manœuvres dilatoires. Or, toute perte de temps peut s’avérer fâcheuse pour notre langue.

Enfin, la polygraphie ou le fait d’utiliser plusieurs alphabets pour écrire la même langue est une hérésie de plus que nous n’accepterons jamais.

Pour terminer, tamazight doit continuer de s’écrire en caractères latins et poursuivre le travail déjà entamé par nos ainés. Tamazight n’est pas une langue de la contemplation mais une langue de communication à part entière et faisons en sorte qu’elle le soit de la façon la plus efficiente possible.       

Tag(s) : #Actualité, #Politique, #Culture berbère, #Chroniques, #Tamaziɣt
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :