« J’étais fan avant de devenir chanteur »
Les mélomanes qui ne connaissent pas encore Mohand le confondraient sans doute avec tous les autres chanteurs de sa génération. Or, ce jeune artiste de 27 ans, originaire d’Ivahlal, dans la wilaya de Bouira, est original à beaucoup d’aspects. L’écouter, c’est l’aimer notamment pour ses belles chansons sentimentales où se mêlent douceur, amertume et joie de vivre. Interview.
La sortie de ton troisième album est prévue pour l’été dernier, quel est le motif de son annulation ?
C’est vrai, beaucoup de gens me le demandent dans la rue et au téléphone. Merci de me donner l’occasion de répondre. Non, il ne s’agit pas d’une annulation. J’ai tout simplement jugé qu’il était nécessaire de me donner un peu plus de temps pour mieux faire. C’est pourquoi j’ai reporté sa sortie pour 2009, en mars ou avril en principe.
Peut-on d’ores et déjà en connaître le contenu ?
Il y a du folklore kabyle, du R’N’B, du flamenco, du chaabi, de l’Oriental, etc. Soyez sûrs que ce n’est en aucun cas un patchwork de styles mais un mariage heureux de plusieurs genres musicaux où la polygamie et les mariages mixtes sont autorisés, voire conseillés (rires).
Comment es-tu venu dans le monde de la chanson, Mohand ?
Je ne me souviens plus (rires). Je n’avais que six ans quand ma famille m’a enregistré sur cassette où j’interprétais une chanson de Matoub. Cette cassette, on l’a toujours gardée chez moi. Au primaire, mon maître me demandait souvent de montrer sur l’estrade pour chanter.
J’étais fan de plusieurs artistes avant de devenir chanteur. Takfarinas m’a particulièrement influencé et cela se ressent dans ce que je chante.
Il me semble qu’il n’y a pas que Takfarinas, il y a également d’autres influences musicales dans tes chansons…
Effectivement. Ce que je veux dire, c’est qu’à l’instar de ce grand artiste (NDLR, Takfarinas), j’aime, à titre d’exemple, travailler avec un vrai orchestre. Le synthé, ce n’est pas ma tasse de thé. En outre, je touche à bien des styles qui, me paraît-il, ont beaucoup de points communs. Je n’imite personne en fait mais j’avoue que je suis le produit de ce que j’ai consommé. Quant aux paroles de mes chansons, je fais en sorte qu’elles soient propres pour ne pas les regretter dans les années à venir.
Que penses-tu des autres jeunes chanteurs de ta génération ?
La boîte à rythme et la voix robotisée plonge la chanson dans la médiocrité. Le devoir nous interpelle aujourd’hui pour qu’on produise des chansons kabyles qui soient écoutées à l’échelle universelle. J’aimerais qu’on marche dans le sillage de Takfarinas et Idir.
Selon toi, est-ce que c’est le chanteur qui fait le public ou bien le contraire ?
Au préalable, c’est le chanteur qui lance une dynamique artistique dans la société, ensuite l’influence est mutuelle.
Merci Mohand.
Merci beaucoup et un coucou à tout le monde.
Propos recueillis par
Karim KHERBOUCHE