Comme il fallait s’y attendre, l’album que vient de sortir Ali Amran a rencontré un immense succès auprès des amoureux de la belle musique. Intitulé « Akk’i d amur », le produit en question contient douze belles chansons dont un duo avec Idir. Plusieurs musiciens de talent ont participé à sa réalisation dont Chris Birkett qui a eu à travailler pour des chanteurs de renommée internationale, tels Peter Gabriel, Sting, etc.
La thématique de l’exil a beaucoup inspiré l’artiste qui, à un moment de sa vie, d’une manière ou d’une autre, a été contraint à vivre loin de son pays natal. Mais, en réalité, cet « exil », le gentleman de la chanson kabyle a su le fructifier en allant à la rencontre des autres musiciens d’origines diverses avec qui il a eu à bosser, ce qui l’a enrichi à tous égards et son dernier produit n’est que la preuve tangible de cette expérience-là. Voilà bien une fort belle manière de mettre la chanson kabyle au diapason de la modernité et ce, sans lui faire perdre son âme.
Ali nous parle dans cette interview qu’il nous a accordée de la sortie de son album et de bien d’autres choses intéressantes.
Vous êtes resté longtemps sans sortir d’album au point de faire croire à certains que vous avez carrément laissé tomber la chanson. Apparemment, l’enregistrement de cet album vous a pris beaucoup de temps, n’est-ce pas ?
Pas si longtemps que ça, quand même ! Quatre ans c’est aussi le temps qui sépare Xali Sliman de Amsebrid, mon premier album. Mais c’est vrai que cet album m’a pris beaucoup plus de temps que les autres. J’ai d’abord enregistré les chansons chez moi, dans mon home studio. Cela m’a permis de prendre le temps nécessaire pour mettre en place les morceaux, affiner les arrangements et faire le choix des chansons… Ensuite, j’ai commencé à faire écouter le résultat aux éventuels collaborateurs avec lesquels je voulais travailler. Ce n’est qu’à la fin de ce processus que j’ai commencé véritablement l’enregistrement en studio, ce qui m’a pris encore deux mois et demi.
La sortie de « Akk’ i d amur » a été une surprise pour plus d’un. Vous n’avez pas fait de bruit pour annoncer sa sortie, pourquoi ?
La promotion dépend plutôt des producteurs et autres distributeurs de la musique que de moi-même, et je crois que l’éditeur a fait un travail pas mal à ce niveau. Maintenant, il est vrai que malheureusement je n’étais pas en Algérie pour la sortie de l’album.
Comparativement à Xali Sliman, qu’attendez-vous de cet album ?
Je ne sais pas… « Akk’i d amur ! » est d’une certaine manière l’aboutissement d’une démarche que j’ai commencé avec mon premier enregistrement en 1994 : faire de la chanson kabyle qui sonne rock, avec du gros son mais qui garde son âme. « Xali Sliman » est une étape de ce projet et contrairement à « Akk’i d amur ! » qui est un véritable album studio, il a été enregistré dans les conditions du live.
Les artistes étrangers et nationaux ayant participé à l’enregistrement sont-ils tout simplement des potes à vous ou vous les avez appelés à la rescousse ?
Certains sont des potes mais la majorité d’entre eux sont des musiciens professionnels que j’ai appelés pour l’enregistrement.
Qu’est-ce que cela vous fait de chanter en duo avec Idir dans Sfina ?
C’est un grand honneur pour moi que Idir ait accepté de partager cette chanson avec moi. Mais c’est aussi du bonheur car nous avons passé un très bon moment ensemble et la séance s’est déroulée dans une très bonne ambiance ; j’en garde un merveilleux souvenir.
De quels instruments jouez-vous ?
Je joue principalement de la guitare, mais je joue aussi tant bien que mal d’autres instruments comme le mandole, banjo, oud…etc. Je fais aussi un peu de percussions.
Encore et toujours de l’acoustique, Ali Amran a-t-il une aversion pour l’électronique ?
Pas du tout ! C’est simplement parce que le genre de musique que je fais nécessite plutôt de vrais instruments joués par de vrais musiciens. Ça donne plus de chaleur et de vie à la musique. Et puis ça permet de vivre des moments de partage et d’échange que les machines ne peuvent en aucun cas offrir.
La belle et immortelle « Huriya » est présente encore sur ce dernier album, pourquoi l’avez-vous reproduite ?
Parce que je voulais faire une version aux normes de la production actuelle, mais aussi parce qu’elle cadre bien avec la thématique de l’album qui est l’errance et l’exil en général. Huriya pointe du doigt l’absence de liberté qui caractérise la relation amoureuse dans notre société, et je crois que ce problème est, mine de rien, à l’origine de beaucoup de départs vers l’étranger, notamment chez les jeunes.
Si je vous dis, l’université Mouloud Mammeri, « les Anciens », ça vous dit quoi aujourd’hui ? Etes-vous nostalgique ?
Ça me rappelle plutôt de bons souvenirs, mais je ne suis pas nostalgique pour autant ; je vis au jour le jour et je regarde devant.
Des spectacles en Algérie pour les prochains jours ?
Oui, j’ai trois dates dans le cadre du festival panafricain : les 17, 18 et 19 juillet, à Tizi-Ouzou, Tigzirt et Azzeffoun ou Béjaia.
Un dernier mot peut-être ?
Oui, je veux remercier toutes les personnes qui ont collaboré à cet album, notamment Chris Birkett qui est un grand producteur-ingénieur du son anglais qui a travaillé avec les plus grands tels Peter Gabriel, Sting, Sinead O’Connor… et qui est devenu un ami depuis l’enregistrement. J’espère que l’album plaira au public et que celui-ci viendra nombreux dans les concerts. Merci à vous aussi.
Entretien réalisé par Karim KHERBOUCHE