Enfin un album qui restitue les vrais rythmes folkloriques kabyles en particulier et algériens en général ! En effet, le nouveau produit de Boualem Touati est un florilège de chansons destinées à mettre de la joie et de fort belle manière lors des occasions heureuses. On peut dire que c’est son album le mieux abouti et c’est la preuve de la maturité artistique de ce jeune chanteur de 34 ans.

Néanmoins, Boualem n’est visiblement pas trop satisfait, il espère faire autre chose dans le domaine de la chanson que de se soumettre à l’ordre établi de la consommation imposé par des commerçants aux connaissances approximatives de la chanson. Interview.       

 

Azul Boualem, ton emploi du temps comment il est cet été ?

Très chargé. Je me produirai un peu partout. L’été, c’est la saison de l’errance pour moi (rire). 

 

Avant la sortie de ton premier album, dans ta région (la vallée de la Soummam), tu étais plutôt connu comme un chanteur du chaabi kabyle. Comment explique-tu ce changement ?

A dire vrai, même à cette époque-là, je touchais à tout mais sur scène je n’interprétais que des chansons du répertoire chaabi. Je vous fais une confidence : j’adore aussi jouer de la cornemuse et je n’hésite pas à la sortir lors des fêtes que j’anime! (rire) C’est notre instrument de musique traditionnel à nous dans la vallée de la Soummam et la région de Setif. En fait, les deux premiers albums que j’ai sortis sur le marché n’étaient que l’une de mes facettes cachées, d’où l’étonnement du public. Le nouvel album dont j’ai fini l’enregistrement et qui sera sur le marché incessamment s’inscrit également dans la même dynamique mais avec davantage plus de  diversité dans les rythmes folkloriques (kabyle, chaoui, sétifien, etc.) 

 

Est-ce un choix la chanson folklorique pour toi?

Non ! J’aurais pu et aimé faire autre chose mais les maisons d’édition nous imposent leur dictat. Elles sont les premières responsables du déclin publique de la chanson kabyle. Je dis « publique » parce que, dans la réalité, la chanson kabyle a connu l’émergence de beaucoup de jeunes chanteurs de talent qui l’ont révolutionnée. C’est la « publicité » qui fait cruellement défaut pour que ces chanteurs soient connus et appréciés du grand public. Et là-dessus je pense que les éditeurs ont un rôle primordial à jouer. 

Il faut dire que la terreur qui a régné dans notre pays durant la décennie 90 a vu le départ vers l’exil de nos anciens artistes vedettes, ce qui a empêché le flambeau d’être transmis à la nouvelle génération qui ne sait plus aujourd’hui sur quel pied danser. De nos jours, pour faire de la belle chanson, il faut peut-être partir à l’étranger. Preuve en est, nos artistes de la diaspora réalisent des merveilles, je souhaite du fond du cœur que leur œuvre éveille des résonances en Algérie et nous aidera à nous débarrasser enfin de la médiocrité ambiante. 

 

Tu es déçu ?!

Oui et même extrêmement. Je rêve de changement,  mon frère ! (rire)      

 

Ton nouvel album qu’on vient d’écouter est tout de même un régal ! Ca ne vous console pas ?

J’espère bien qu’il plaira au public, j’y ai mis tout mon cœur.  

 

Tes projets à court terme ?

D’ores et déjà, je pense à l’enregistrement de mon quatrième album qui sera le début de la mise en œuvre d’un projet qui me tient à cœur et qui consiste en un travail collectif, c’est tout ce que je peux dire pour le moment. Mon dernier album m’a donné envie de voir grand.   

Propos recueillis par Karim Kherbouche

Tag(s) : #Interviews
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