Onze ans sont déjà passés depuis ce jour fatidique du 25 juin 1998 où un commando armé a tendu une embuscade au chanteur engagé, Matoub Lounes, au lieudit Takhoukht, à quelques kilomètres de Tizi Ouzou, sur le chemin qui le mène vers son village Taourirt-Moussa. Il tenta vainement de riposter avec sa kalachnikov. Les terroristes étaient fort nombreux et armés jusqu’aux dents. Il est assassiné à l’âge de 42 ans. Sa femme Nadia et sa sœur qui étaient avec lui à bord de son véhicule seront quant à elles grièvement blessées. On peut constater des dizaines d’impacts de balles sur son véhicule exposé dans sa maison.
Son assassinat s’est répandu tel une traînée de poudre en Algérie et dans le monde. Des émeutes ont éclaté en Kabylie, sa région natale. L’Algérie venait de perdre l’un des meilleurs de ses fils.
Quelques années plus tôt, en 1994, il fut enlevé par un groupe terroriste, il sera libéré quinze jours plus tard grâce à une extraordinaire mobilisation populaire.
Matoub a survécu à plusieurs épreuves difficiles. Lors des événements d’octobre 1988, un gendarme zélé lui a tiré dessus à bout portant alors qu’il distribuait un tract appelant la population à la vigilance. Il est atteint de huit balles. Il revenait miraculeusement de loin après plusieurs mois d’hospitalisation et plusieurs opérations chirurgicales. Juste après sa sortie d’hôpital, il sortit l’album tant attendu de tous, en l’occurrence L’Ironie du sort. Sur la photo de la jaquette de cet album où il évoque fortement la mort, la sienne, on peut le voir allongé sur son lit d’hôpital, très affaibli mais digne et héroïque.
Onze ans après son assassinat, Lounes demeure encore et toujours présents dans les cœurs des siens. Le phénomène Matoub continue de susciter l’intérêt de bon nombre d’auteurs qui lui ont consacré des dizaines d’ouvrages. Plusieurs hommages lui seront rendus en Kabylie et dans la diaspora ces jours-ci. N’est-ce pas lui qui disait : « Même s’ils me tuent, il ne pourront pas me faire taire » ? Repose en paix, Lounes.
Karim Kherbouche