Le nouvel album de Mohamed Alloua, intitulé « Lhub-iw amezwaru » (Mon premier amour), décline de nouvelles facettes de cet artiste de génie. Fidèle à sa démarche initiale de brassage des musiques, la vedette de la chanson kabyle festive ose à nouveau un parfait mariage entre des genres musicaux qu’il n’a jusque-là jamais chantés.
En effet, tout en invitant irrésistiblement à danser, Allaoua nous fait voyager dans un monde sans frontières où se mêlent joyeusement le folklore kabyle, le gnawi, la country, l’oriental, l’andalou, etc. Sa voix qu’il manipule à volonté et qui lui permet de chanter naturellement dans le grave comme dans l’aigu, est tantôt douce et enjouée, tantôt sarcastique le temps d’une chanson engagée très enflammée, en l’occurrence « Deg’ul-is i gh-yattawi » (Il nous aime bien). Cette dernière chanson s’apparentant à une chronique politique dénote toute la maturité atteinte par l’artiste qui, faut-il le rappeler, a toujours été aussi revendicatif dans ses chansons.
Par ailleurs, la passion de Mohamed Allaoua pour la culture et la langue amazighes qu’il évoque à chacune de ses apparitions télé est perceptible dans ses chansons où il fait usage de néologismes appartenant au registre des initiés en langue berbère. Quant à l’instrumentation, l’acoustique supplante progressivement l’électronique, c’est pourquoi on constate une nette amélioration sur ce plan-là.
Pour conclusion, ce nouveau produit démontre à plus d’un titre que l’auteur de « a vava cheikh » est loin de dire son dernier mot. Vu son immense talent, il nous réserve sans nul doute plein de surprises à l’avenir. Chapeau bas, Mohamed !
Karim Kherbouche