S’il puise sa source dans sa Kabylie natale, Ali Amran distille un savant mélange de genres qui fait l’originalité de sa musique. Au chant et à la guitare acoustique, il aborde un style dépouillé, sans fioriture. Ses chansons à textes, comme son sens mélodique, véhiculent l’âme d’une culture trop souvent bâillonnée ; ses compositions, quant à elles, empruntent leur rythmique à l’univers folk rock, avec des accents tantôt blues tantôt pop. En résulte une harmonie toute particulière, à l’image de sa voix, au timbre doux et profond.
Ali Amran a aujourd’hui conquis un large public, de même que la reconnaissance de ses pairs, à l’instar d’Idir, Abranis, ou encore Takfarinas, qui inscrivent sa démarche artistique, comme un souffle nouveau, dans l’histoire de la chanson kabyle.
Tout juste sorti de l’adolescence, Ali se fait connaître en tant qu’auteur compositeur : ses premières compositions, inspirées de la tradition orale qui berce son enfance, sont interprétées par plusieurs artistes populaires, notamment Lani Rabah. Puis la période universitaire, celle des premières scènes, révèle peu à peu un artiste complet : accompagnant la troupe de théâtre et de chant" Meghres ", comme musicien, ses premières apparitions marquent la scène locale. Ali compose de plus belle, intégrant de nouvelles influences ; il participe à différentes formations, se produit en concert … En 1994, un premier enregistrement studio vient couronner cette phase initiatique, et le titre" Adu " (Le Vent) se voit classé dans le top " local rock " sur la chaîne francophone de la Radio nationale algérienne.
Ses études d’anglais et de littérature et civilisation berbère à Tizi-Ouzou reflètent la double perspective d’Ali, penché sur ses racines, ouvert à l’Autre. De même, le voyage s’impose très vite à lui : de Tanger à Helsinki, en passant par Barcelone, Amsterdam et autres " cités-muses ", il nourrit sa quête esthétique, posant l’artiste engagé en citoyen du monde. Chemin faisant, sa musique s’imprègne de nouvelles couleurs, toujours plus libre.
En 1998, l’enregistrement d’un album en solo au titre éloquent, " Amsebrid " (Le Routard), signe l’engagement artistique d’Ali… Aussi poursuit-il sa route en tournée, sillonnant la Kabylie : à la Maison de la Culture de Tizi-Ouzou, au Théâtre Régional de Béjaïa et dans les festivals traversés, sa maturité artistique est reconnue et maintes fois récompensée, d’un premier prix entre autres, décerné par le Festival National de la Chanson Amazighe. De plus en plus, la recherche d’Ali tend vers l’épurement comme pour rejoindre sa quête d’universel. La mélodie n’en est que plus efficace, le verbe plus puissant et non moins subtil. Témoin d’une Algérie écartelée, le mot est parfois amer, douloureux, questionnant l’identité, l’altérité, l’exil… mais la douceur de la voix, la légèreté de la musique en appellent à une positivité résolue : aller de l’avant, en voyageur, en poète.
En 2000, Ali quitte sa montagne pour un nouveau voyage en Europe, cette fois sans billet retour : il s’installe à Paris. Seul ou accompagné de sa formation – basse, batterie, percussions –, il joue d’abord dans des cafés-concerts, participe à divers événements culturels, se produit dans plusieurs salles municipales… Un an après sa représentation au Divan du Monde en 2003, il est programmé dans le cadre du concert du Printemps berbère au Zénith de Paris, aux côtés du grand Ferhat, d’Akli D ou encore Gnawa Diffusion. Dans la foulée, sa chanson Xali Sliman (Tonton Slimane) connaît un franc succès, porté par la diffusion de son clip vidéo à la télévision. Avant même la sortie officielle de l’album du même titre en 2005, la chanson occupe la première place au hit parade de la fréquence kabyle en Algérie pendant pas moins de cinq semaines … S’enchaînent alors les représentations sur les scènes française et algérienne, ainsi que les apparitions médiatiques : quelques jours après la clôture du festival Tizi Rock, il est l’invité principal de la prestigieuse émission radiophonique " Thibugharin G’id-live " pour un direct de l’auditorium de la Radio nationale à Alger.
En 2007, Idir lui confie la première partie de son spectacle au Zénith de Paris où le grand public se laisse définitivement charmer par l’artiste. Un artiste de scène … car c’est là qu’il donne la véritable mesure de son talent.
En 2008 - 2009, Ali Amran se consacre principalement à la préparation de son troisième album même s’il participe à quelques concerts dont deux Zéniths à Paris. Ali tenait, en effet, à réunir tous les moyens nécessaires à la réussite de son enregistrement pour donner une nouvelle dimension à sa carrière. Ainsi il s’entoure de collaborateurs de talent, reconnus sur la scène artistique internationale, tels que Chris Birkett et Jean Philippe Rykiel. Il invite aussi Idir, le père de la world musique nord-africaine pour une chanson en duo… Au final, l’album s’avère être un beau bijou berbère de Kabylie, mâtiné de folk et pop rock anglo-saxons.