
L’homme aux cheveux blancs a joué avec des orchestres symphoniques dignes du nom et il est un autodidacte. A ses débuts dans les cabarets français, il a touché à plusieurs genres musicaux. Ensuite, le fils d’Akbou joue pour Chérif Kheddam, Malika Domrane, Zohra, Takfarinas, Matoub, Youcef Abdjaoui et la liste est encore très longue et il a une histoire à raconter avec chacun.
L’enfant terrible de la chanson féminine kabyle, Zohra, que Dieu ait son âme, a passé même les dernières heures de sa vie en sa compagnie. Il était compositeur et instrumentiste de cette chanteuse et la personne à qui elle confiait ses secrets personnels. Pour rappel, Zohra a trouvé la mort dans un tragique accident de la circulation en France, le 09 janvier 1995, au retour d’un gala qu’elle venait d’animer. «Pendant les derniers jours de sa vie, elle ne parlait que des artistes décédés, à l’image de Ahacène Mezani, comme si elle savait qu’elle vivait ses derniers moments», témoigne Allaoua.
Matoub a passé sa dernière nuit française chez ce musicien. Celui-ci lui a vivement déconseillé de rentrer en Algérie vu qu’il était menacé de mort. Lounes chérissait énormément Allaoua et prenait ses conseils pour des consignes, mais cette fois-ci c’était plus fort, il a décidé de rentrer et plus rien ne pouvait l’arrêter. Selon les révélations de Nadia Matoub, son épouse, Lounes avait l’intention de composer une chanson en hommage à Allaoua et a chargé son gendre pour trouver un hôpital qui puisse soigner sa maladie oculaire. «Quelque soit le prix pour que Allaoua retrouve la vue, je suis prêt à le payer», a-t-il confié au gendre du musicien. Il faut dire que depuis l’année 2001, Allaoua souffre davantage de problèmes de myopie.
Au-delà de son génie en musique, Allaoua est une vraie bibliothèque de la chanson kabyle. Quand ce musicien hors pair joue du mandole ou du luth on a l’impression que ces deux instruments sont enchantés d’être dans ses bras.
Karim Kherbouche