ibbr70rh.jpg
Ecouter l’album que vient de sortir Brahim Tayeb, le moins que l’on puisse dire, c’est effectuer un merveilleux voyage musical et aller à la rencontre des autres cultures afin de répandre nos rêves d’amour. C’est de bout en bout une œuvre qui réunit un florilège de musiques des quatre coins du globe : les musiques kabyles se mêlent subtilement à d’autres genres musicaux dont l’Oriental, le classique universel et à des sonorités jazzy et maghrébines. C’est une nouvelle invitation de cet artiste non-voyant qui dit « remercier Dieu de lui avoir ôté la vue », dans son jardin secret.   
En effet, tout comme "Int-as" (dites-lui) qui n’est pas près de faner, l’album en question comprend une chanson de plus de 40 minutes, intitulée "Tikher-as" (laisse-le) qui traite du thème central de l’amour. A première vue, on relève dans les deux titres la répétition du pronom affixe "as" ; si dans le premier l’on s’adresse à la bien-aimé, dans le second l’accent est plutôt mis sur l’amoureux : un jeune dont le rêve d’amour est injustement confronté aux interdits et à la réalité quotidienne faite de chômage, de violence et d’incompréhension. Dans ce contexte et face à la désespérance générée par l’incapacité d’honorer les engagements pris envers sa dulcinée, le jeune épris sombre dans la désillusion et le rêve d’une vie meilleure sous d’autres cieux. Le manque de communication, mis en exergue par l’utilisation de la troisième personne (dites-lui, laisse-le), accentue ce sentiment de frustration et fait prendre à la passion amoureuse des allures de révolte.
Par ailleurs, ces dernières années, les hommages aux anciens artistes sont devenus monnaie courante et la plupart sont dénudés de toute originalité et n’ont qu’un seul but : laisser un nom à défaut de laisser une oeuvre. Mais, Brahim Tayeb ne fait pas comme les autres et se détache du peloton. Ce n’est guère fortuit que "Tikher-as" est dédié à la mémoire du regretté Cheikh El-Hasnaoui qui, dans d’autres circonstances, a subi les mêmes affres qu’évoque cette chanson.  
Enfin, outre sa voix suave jouant notamment dans l’aigu et dégageant des tonnes et des tonnes de tendresse, rien n’est laissé au hasard et tout est fidèle à la personnalité de cet artiste infatigable semeur d’amour. Merci Brahim !
Karim Kherbouche
Tag(s) : #Actualité
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :