Toucher à tout, c’est commencer tout et ne rien réussir ou n’obtenir que des succès partiels, soutiennent les théoriciens du succès. Cette vision de la réussite est sans doute vraie dans la mesure où l’on n’a qu’une vie et, donc, on est limité par le temps. Mais, comment expliquer que certains sujets brillent dans plusieurs domaines à la fois ?
C’est le cas de Abdelkader Chemini, alias Shamy Lbaz ou Shamy tout court. En effet, cet artiste intellectuel et autodidacte est l’auteur d‘une œuvre prolifique touchant à divers domaines, tels la littérature, la musique et le cinéma.
Cette œuvre vient d’être étoffée suite à la sortie du livre « Les Abranis – une légende », un livre époustouflant sur l’histoire, entre 1973 et 1993, du mythique groupe de rock’n’roll kabyle « Les Abranis » dont il est cofondateur. A cette occasion, Shamy multiplie les sorties et les ventes dédicaces un peu partout. Il est donc soumis à un programme très chargé. Interview.
- Azul Shamy, comment allez-vous ?
- Azul, je vais très bien, je vous remercie.
- « Les Abranis, une légende » est depuis quelques jours sur le marché, pourquoi ce livre ?
- Pour plusieurs « bonnes » raisons. D’abord, afin d’immortaliser l’histoire du groupe et mettre en valeur les difficultés de promotion et de gestion d’un groupe. Afin qu’aucun des membres cofondateurs que sont Madi Mehdi, Chabane Hadj Mohand, Sid Mohand Tahar et moi-même Abdelkader Chemini, ne puissent à l’avenir, revendiquer la paternité du groupe ni s’accaparer son nom, créé par nous quatre. Je l’ai écris aussi pour faire plaisir aux fans des Abranis et permettre à ceux qui ne les ont pas connus de les découvrir… Enfin, tous les grands artistes dans le monde réalisent un ouvrage retraçant leur itinéraire artistique !
- Quel est le plus beau souvenir que vous gardez du groupe Abranis en tant que chanteur ?
- Sans hésiter, notre tournée au Maroc…
- Votre meilleur spectacle avec ce groupe ?
- À Sidi Feruche en 1984 à Alger.
- Vous attendiez-vous à un tel succès ?
- En grande partie, oui, car à cette époque toute la jeunesse du monde appréciait particulièrement la musique des groupes, y compris les jeunes Algériens !
- Vous avez pris tout le monde à contre-pied en vous découvrant dans un autre univers qui est celui de l’écriture romanesque suite à la sortie du premier volume de votre roman « Orgueilleuse Kabylie ». Pourquoi cette conversion ?
- Avant de faire de la musique, j’ai été berger puis ouvrier. En ce qui concerne la littérature, c’est du même ordre. J’ai ressenti le besoin de m’exprimer à travers l’écrit comme je l’avais fait avec la musique. De même pour le cinéma.
- Où avez-vous appris à écrire ? Avez-vous fait des études universitaires ?
- Je n’ai pas fait d’études universitaires, je suis autodidacte.
- Sur le plan cinématographique, vous êtes plutôt peu prolifique. À part votre documentaire « Messages de Kabylie », avez-vous d’autres productions non encore éditées dans ce domaine-là ?
- Après le thème du Printemps noir et mon film « Messages Kabyles », j’ai réalisé un documentaire sur notre groupe, Les Abranis. D’autres projets sont en préparation.
- Allez-vous organiser des ventes dédicaces de « Les Abranis, une légende » en Algérie ? Si oui, pourriez-vous nous annoncer quelques dates et lieux ?
- Bien sûr, je ferai des dédicaces en Algérie, mais je dois attendre la parution éditoriale, logiquement vers la fin de l’année 2010.
- Quel regard portez-vous sur la chanson kabyle actuellement ?
- Il y a beaucoup de talents ; malheureusement, on a tendance à confondre les musiques dites légères, faites pour égayer, avec des œuvres élaborées qui restent dans l’ombre.
Le problème de la chanson kabyle est à l’image de l’Algérie où tout est chaotique et où rien n’est à sa juste place.
- Une nouvelle publication en perspective ?
- Oui, mais par principe, je ne parle que de ce que j’ai fini de réaliser.
Entretien réalisé par Karim KHERBOUCHE