Ce serait injuste de parler de la chanson kabyle sans évoquer un de ses remarquables chanteurs qu’est Karim Tizouiar. Bien que très peu médiatisé, le fils d’El-Kseur jouit d’une grande notoriété sur la scène musicale kabyle. Les passionnés de la chanson sentimentale, toutes générations confondues, lui vouent énormément d’admiration et les chanteurs en herbe reprennent par cœur ses chansons, ce qui fait de lui une référence musicale incontestable. Ce chanteur âgé de 46 ans est surtout connu pour sa belle frappe de guitare. Son public l’appelle « l’homme qui fait parler le mandole ! ».
Par ailleurs, parmi les belles chansons qu’a composées Karim, celle qui a le plus de succès, les fans le devineraient sans doute, c’est « Asm’akken llan qqaren medden » (Quand mes camarades se souciaient de leurs études, moi je passais mon temps à écrire partout ton nom). Tout porte à croire que Karim lui-même voue aussi une affection particulière pour cette chanson. Preuve en est, il n’hésite pas à la reprendre, légèrement re-mixée, dans son dernier album et inclut aussi son instrumental afin d’offrir aux admirateurs la possibilité de l’interpréter avec leur propre voix.
Il faut dire qu’outre l’immuable beauté de la mélodie, la voix suave et juvénile de Karim et ses extraordinaires jeux de mandole, le texte de cette chanson est fort émouvant. Il raconte en poésie l’histoire d’un adolescent hanté par un amour idéal, soudain et irrésistible. Insouciant et nageant dans un bonheur sans nuages, le jeune homme n’arrive plus à se concentrer sur ses études. Résultat : il sera exclu de l’école et rongé par les remords. Pis, il découvrira amèrement que sa dulcinée s’est entichée d’une autre personne. Vint ensuite le service national qu’il passera loin d’elle mais plus que jamais consumé par son amour platonique. Plus tard, il ne récoltera que larmes et déception. En un mot, la chanson illustre de la manière la plus belle artistiquement l’adage qui dit qu’il n’y a pas d’amour heureux.
Enfin, en plus de cette chanson, plusieurs autres titres de Karim T. ont rencontré un époustouflant succès, notamment durant la période allant de la fin des années 80 et le début des années 90. C’est d’ailleurs à cette époque-là que Karim, âgé alors d’un peu plus de 20 ans, arrive en France, à Paris, passage obligatoire dans la carrière d’un artiste, et fait la connaissance des vedettes de la chanson kabyle, tels que Hamidouche, Mehdi Mzeghrane, Boudjemaa Agraw, Sofiane, etc. Il intègre le légendaire groupe Agraw et chante en duo avec Boudjemaa, après le départ de Takfarinas qui a décidé de se lancer dans une carrière en solo. Ensuite, il sort plusieurs albums en solo, tels que Ay Aguitar (Oh guitare !, 1987), Attan Truh (Elle s’est mariée, 1989), Wehdi (Seul, sans elle), Susta (La quiétude et la prospérité tant espérées, 2002), Ma nettraju (La longue attente, 2004), etc.
Karim Kherbouche