Mohand Saïd Fellag est né en 1950 dans le Djurdjura en Kabylie. Son père : une sorte de Raimu. Un homme lisse, sans tabou, qui a combattu dans les rangs de l'armée française pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il lui apprend l'impertinence. Sa mère : un éclat de rire. Elle rit trois ou quatre heures dans la journée.
Le 1er novembre 1954, Fellag a quatre ans lorsque commence la guerre de libération. A huit ans et demi, Fellag gagne Alger avec un de ses frères. Il a neuf ans lorsqu'il rentre à l'école primaire, à Cheraga. Il y apprend le français, et dans la rue l'arabe dialectal.
En 1968, il entre à l’école de théâtre d’Alger. Il lit Aristophane, Eschyle, Plaute, Euripide. "C'est rude ! dit-il. Avec des sentiments ! Et ça y va !" Il découvre le théâtre de l'absurde, Jarry, Becket, Ionesco…
De 1973 à 1977, il est engagé comme comédien dans différents théâtres en Algérie puis en France, au Canada et aux États-Unis.
En 1987, il crée son premier one man show Les Aventures de Tchop, puis en 1989, Cocktail Khorotov. En 1990, en réponse à la montée du mouvement islamique, il crée SOS Labès.
Le 12 juin, le FIS l'emporte haut la main aux élections municipales. L'activisme islamiste gagne tout le pays. 1991, Fellag crée Un Bateau pour l’Australie-Babor Australia (inspiré d’une rumeur selon laquelle un bateau en provenance d’Australie allait y emmener tous les chômeurs algériens, pour leur donner un emploi, un logement et un kangourou ! La rumeur prit une telle ampleur que des gens se présentèrent devant l'ambassade d'Australie pour demander un visa. Cette crédulité révèle la profondeur du désarroi). Le spectacle est joué plus de trois cent fois en Algérie.
En décembre, les élections législatives sont annulées après le premier tour emporté par le raz-de-marée islamiste. Les militaires constituent un comité de salut public pour justifier le coup de force. Le 29 juin 1992, le président Boudiaf est assassiné sur la scène de la maison de la culture d'Annaba. Fellag était programmé pour jouer Un bateau pour l'Australie sur la même scène, quatre jours après. Alors commence une ère de violence, avec une série d'assassinats parmi lesquels des artistes et des intellectuels.
En septembre 1993, Fellag est nommé directeur du théâtre de Bougie (théâtre d'Etat).
Début 1994, la violence atteint son paroxysme. Fellag entreprend la tournée d'Un bateau pour l'Australie, en Algérie et en Tunisie, puis à la fin de l'année il s'établit à Tunis et crée Délirium. En 1995, Fellag s’exile en France où il écrit Djurdjurassique bled, pièce comique analysant avec une verve étonnante la scène sociale algérienne, qui fait un triomphe à sa création au TILF, puis en tournée. Il tourne également dans Le Gone du Chaâba de Christophe Ruggia. En 1999, il réécrit Un Bateau pour l’Australie et entame une tournée dans toute la France. En février 2001, il publie son premier roman Rue des Petites Daurades suivi de C'est à Alger (2002). Son prochain roman L'Allumeur de rêves berbères sortira courant 2003.