el_hasnaoui-avec-mandole-de_abdelli.jpgLe chanteur kabyle vivant à Bruxelles, Abderrahmane Abdelli, est l’un des rares à avoir le privilège d’être reçu par le grand maître du chaâbi, Cheikh El-Hasnaoui dans son exile. Il le rencontra à l’île de la Réunion où il avait passé ses quatorze dernières années et il revint le cœur chargé d’émotion.  

En novembre 2000, quand Abdelli décida d’aller jusqu’au bout de son rêve de jeunesse, celui de rendre visite à ce Cheikh à la voix gutturale, il n’avait pas son adresse et ne savait même pas s’il était encore vivant, car une rumeur colportée par les médias faisait état de son décès. « La télévision algérienne, quelques mois auparavant, avait annoncé sa mort, au journal télévisé de 20 h!!….Des émissions lui ont même été consacrées sous la forme de témoignages d’amis qui l’avaient connu ?… », raconte-t-il. Accompagné de son ami Jean François, caméraman, il partirent vers l’île de la Réunion qui est à plus de 10 000 km de la Belgique ! Après plusieurs jours de recherche (commissariat, mairie, gendarmerie, préfecture, Sécurité Sociale, Poste, caisse de retraite, etc.), à leur grand bonheur, ils retrouvèrent enfin le nom et l’adresse de Mohamed Khelouati, le vrai nom de Cheikh El-Hasnaoui, sur la liste électorale de la ville de St-Pierre. Ils partirent alors à sa recherche avec la peur au ventre de ne pas être reçu par cet artiste qui aimait vivre dans la discrétion. Cependant, l’auteur de "Sani, Sani" et de "Ya noudjoum El-lil" en fit une exception et accepta de les recevoir chez lui. « Cheikh El Hasnaoui nous a reçu à cœur ouvert, avec une douceur de soie et une sagesse rare pour notre époque », dit-il.

Après avoir fait le tour de sa maison, de l’intérieur et de l’extérieur, Abdelli lui remit les cadeaux qu’il avait ramené de Bruxelles, offert par des amis et lui-même. « Je me suis permis de lui demander si je pouvais ramener ma mandole pour qu’il la bénisse : il a accepté avec grand plaisir. Ce moment était des plus forts : ce fut un privilège, comme un instant au Paradis. Quand il a pris la mandole dans sa main, il l’a regardée avec une tendresse très profonde et il a laissé glisser sa main sur les cordes, les notes sonnaient comme une prière.…Il m’a dit : «c’est une bonne mandole» et il me l’a tendue pour en lui jouer quelques notes. A ce moment-là, j’étais aux anges, dans le ciel, au Paradis !!!…, J’ai voyagé aussi longtemps que j’ai pu dans ce rêve, qui était en plus un instant de vérité et de réalité !!!!!! », se souvient-il.  

Le 17 Mai 2002,  Abdelli qui n’arrive pas encore à se remettre de l’émotion de cette rencontre, adresse une lettre au Cheikh où il lui exprime son admiration. Le 6 juillet 2002, El-Hasnaoui décède des suite d’une longue maladie, loin de son patelin Taâzibt, à Tizi Ouzou, à l’âge de 92 ans à l’île de la Réunion, en France d’outre-mer, sans peut-être avoir pris le temps de lire cette lettre. 

Rappelons que Cheikh El-Hasnaoui s’est exilé en France depuis 1937 à cause d’une malheureuse histoire d’amour. Ayant été empêché d’épouser Fadhma, sa bien-aimée qu’il évoque dans ses chansons, il décida de ne plus remettre les pieds chez lui. El Hasnaoui qui avait emprunté le pseudonyme qui se rapporte à son aârch Ihesnawen, avait arrêté sa carrière musicale en 1968, mais ses chansons demeurent éternelles.

Karim Kherbouche

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