Leurs chansons étaient connues des jeunes mélomanes de la région d’Akbou bien avant la sortie de leur premier album ! Des chansons qui ciblent aussi bien le corps que les méninges. Même si le nom de "Sens interdit" est nouveau sur la scène du rap kabyle, il n'en demeure pas moins que ses jeunes membres sont de « vieux » rappeurs qui ont des produits sur le marché avec d'autres célèbres groupes. Nous avons rencontré l’un des membres de Sens Interdi, Zineddine Aïrouche et il a bien voulu répondre aux questions de notre blog.
Algeriasong.overblog.com : Présentez-nous votre groupe ?
Zineddine Aïnouche : Nous sommes une bande de cinq copains, Riadh, Bouallam, Houcine, Wahid et moi. Chacun de nous a eu une expérience avec d'autres formations musicales rap, à l'image de KAF (Kabyle Attaque en Force) qui est le précurseur de la chanson rap à Akbou, Tifa2, Index etc. Nous nous sommes regroupés pour monter notre propre groupe qu'on a baptisé Sens interdit.
Pourquoi l’appellation Sens interdit ?
Sens interdit signifie le sens qu'il ne faut pas avoir, là où il ne faut pas y aller. Les thèmes qu'il ne faut pas aborder, nous essayons justement de traiter de ces sujets sensibles et tabous. En un mot, nous tachons de faire le rap tout bonnement.
Avez-vous un produit sur le marché ?
Comme je viens de le dire j'ai un album avec KAF. Riadh a produit un album avec son groupe Tifa, Bouallam a également sorti un produit avec son groupe Index. En tant que Sens interdit, nous sommes en train d'enregistrer.
Pourquoi cette prolifération de groupes rap à Akbou ?
Le rap est une musique revendicatrice, euh ! Pourriez-vous me rappeler par quel terme l’avez-vous désignée tout à l'heure ? (rire)
Une musique contestatrice...
Oui, ce mot n'est pas facile à prononcer, il a trop de syllabes ! (rire). A Akbou, à l’instar de toutes les villes d’Algérie, il y a plein de fléaux. Le rap est justement une sorte d'antidote à la souffrance quotidienne qu'endurent particulièrement les jeunes. Akbou est une région frondeuse pour laquelle il faut une musique frondeuse comme le rap. Pour notre part, nous nous efforçons d'être positifs, notre dessein n'est pas de verser de l'huile sur le feu, c'est pas notre fort. Nous traitons des thèmes comme l'inégalité des classes, la ségrégation sexuelle, nous sommes du côté de tous les opprimés.
Etes-vous altermondialistes ?
Franchement, nous sommes allergiques à la paperasse, les stylos, la politique et tout ça ! Nous voudrions demeurer dans notre univers artistique, sans parti pris. Ceci dit, nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde avec G.W. Bush et ses bombes.... On est un peu Love and peace et nous rêvons d'un paradis sur Terre.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Nous aimons énormément les anciens du chaâbi, les plus anciens, mais sans détester les nouveaux. Pour le rap, nous aimons Rabah MBS, des groupes en France comme Iam, Assassin etc, et des groupes d'Amérique. Nous aimons surtout des artistes qui ne sont pas trop médiatisés qui n'ont rien à voir avec ceux qu'on nous passe sur M6, nous avons une prédilection pour la musique underground.
Quel avenir présagez-vous au rap d’expression kabyle ?
Le Kabyle est, qu'on le veuille ou non, une très vieille et très riche langue. Le rap existe dans toutes les langues du monde, il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas de rap dans notre langue. L'Algérie est un grand ghetto, le rap ne peut que s'y développer dans les langues du peuple.
Un mot pour conclure ?
J'aimerais dire aux journalistes que notre combat pour la liberté d'expression est le même. J'aimerais qu'ils nous donnent un petit coup de pouce, qu'ils nous renvoient l'ascenseur.
Entretien réalisé par Karim Kherbouche
Pour Algeriasong.overblog.com