Ce n’est pas seulement la famille de Meksa qui récuse cette version, mais nombre d’observateurs expliquent qu’il s’agit d’un assassinat camouflé et c’est en grosso modo le « verdict de l’enquête populaire ». Une enquête minutieuse doit par conséquent être menée sans tabous pour faire toute la lumière sur la mort d’un artiste qui a eu le tort d’être fier de ses origines et de les défendre farouchement.
Meksa devait sans doute faire l’objet d’intimidations et peut-être de menaces racistes. « Je souhaite vivement retourner dans mon pays natal pour en finir avec l’humiliation raciale », répondait Meksa en 1983 à une question d’un journaliste.
Rappelons que Abdelkader Meksa est né le 04 juin 1954, à Mira, commune de Fréha (Tizi-Ouzou). Il quitte avec sa famille son village, à l’âge de six ans pour s’installer à Blida, ensuite à Bologhine (Alger) avant de s’installer en France. Dans une musique "moderne" le distinguant et épousant parfaitement les beaux textes, souvent puisés du riche patrimoine littéraire oral kabyle (dictons, contes, coutumes, etc.), ajouté à sa belle voix, Meksa nous emmène vers des espaces magiques. Ses Chansons : « Loundja », « Zelgoum », « Anzar », « Asif », « Timecret », et j’en passe, demeureront éternelles même si l’auteur a quitté le monde des vivants à la fleur de l’âge. Le succès de ces œuvres venu un peu tard s’explique sans doute par la modestie de Meksa qui n’a pas cherché après les tapages médiatiques. L’artiste repose dans le cimetière de son village à côté de sa mère.
Karim Kherbouche